Huile sur toile
210 cm x 160 cm
2024
Jérôme Karsenti ©
J’ai peint toute la journée, je n’apprécie pas particulièrement les nuits, impatient, continuer l’œuvre. Peut-être suis-je à côté, peut-être pas. De quoi ai-je peur ? Je suis dans une machinerie. Seule la lumière du jour compte. 17h en plein hiver. 3°C. Je n’arrive plus à me laver, ni sortir, c’est si difficile et pourtant, je suis attiré, je suis dehors, je suis pris par cette toile, peut-être est-elle la toile promise de toutes les autres. Je me chauffe au bois. J’ai mis une énorme buche dans la cheminée, peut-être pour fêter la toile que je vais terminer demain. De quoi ai-je peur ? De quoi ? L’argent ? Ah je connais toutes les valeurs, je connais mes pinceaux par cœurs, leurs formes, usures. Je ne me connais plat, au fond tant mieux, c’est cette toile qui m’obsède, l’âme, c’est un grand mot, on s’en fou, de quelle mécanique est faite l’illisible, ou bien l’invisible, ou l’illusion ou bien l’invivable. J’approche à grand pas. Je suis certain à 10 siècles près sur des millions d’années. La marche est imprécise. Mieux vaut ce quelque chose que le rance, la froideur, l’égoïsme, et pourquoi pas au fond ce tout dans l’errance, je m’en alimente, moi qui suis un inversetébré, je mange du pain cuit au poêle, quinoa, sarazin, châtaigne et huile d’œillettes par les mains. La toile n’a pas son goût de fumé. Peut-être dois-je chercher ailleurs, je suis si près du but et pourtant tout s’éloigne, je suis incorrigible :
De quoi est constitué le cœur de l’homme, le sacré, je suis dans les montagnes, je reconnais, je te reconnais, tournoyante de matière, l’encre, je te reconnais d’entre tout, l’âme, peu importe comment je te nomme, je reconnais le centre de soi qui éclate dans la myriade des sentiments, je me ferme à tout ce qui est autre, ce qui se ferme est mon sujet, comment la lumière est frappée par la pierre et tous ces autres sont des centres éparses, au cœur de ma propre activité, je construis les centres, ma propre naissance qui est suivie de sa mort, infinies, au centre de soi est ce merveilleux, temps qui ne sont estérieurs, ce que je vois, les voyages, le Temple des millions d’années de Ramses II, ces merveilles proviennent de soi, et c’est le ferment de l’homme d’être uni, ce tourbillon est mon céleste, ces arrachements de consciences, mon divin, mon mouvement, ma propre lumière, je l’incline devant toi, oh mon céleste, ma fille, je suis acteur, tu es mon actrice, ma lumière, tout autant que tu es ma nuitmière, elle se trouve là, cette fonte, fonts d’écritures, fondations, je ne suis que toi, impatient alors que tu es moi en nage. C’est le lien de l’illusion entre estérieur et oùestérieur, île est ici ce travail, l’éventail de l’âme, ce rouâge. Je te reconnais ici-même, il faut trouver les provinces des mots, leurs dépareillés, leurs inverses, le cœur des liaisons, allez hop, encore un peur de travail sur cette toile, écoute, je t’écoutille. Je pose un genou à terre, je me pose, ne sais, Les environs sont silencieux, la couleur est émergente, on joue dans la matière, où te trouves-tu ma joie, mes chats, la lumière se comporte ainsi en miaulements, c’est un jeu avec quelques Nourritures terrestres, de les emmener voyager en ses antres astres. Antrez ! N’a jamais été aussi clairvoyant. Les deux genoux à terre, dans cette cathédrale, je m’allonge et deviens le dallage des profondeurs de l’esprit malicieux. Oh, je te vois Grizli, antre des dévorations sonores. Tu as faim...je suis là ! Nos sommes arythmiques bienveillantes, bien loin des assommoirs rigides des indépendantes, quoi qu’elles soient dans les interstices granuleux de la pierre. Qu’est nécessaire le cœur des pierres des inversetébrés ! Pluies inverses de la mousson au Kérala.